Titre : Les oiseaux chanteurs
Auteur : Christy Lecteri
Littérature anglaise
Titre original : Songbirds
Traducteur : Karine Lalechère
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 368
Date de parution : 6 mai 2022

 

D’une rencontre et d’une tragédie qui a endeuillé Chypre il y a quelques années, Christy Lefteri bâtit un roman autour de Nisha, une mère sri-lankaise qui a dû abandonner sa fille pour venir travailler à Chypre. Là, depuis sa naissance, elle s’occupe de la fille de Petra, une très jeune veuve chypriote. Cette enfant est sa consolation, sa seconde fille de coeur. Mais si elle a versé toutes les larmes de son corps en arrivant à Chypre, elle donne tout son coeur à la petite Aliki et converse avec sa propre fille régulièrement par vidéo.
Nisha a vécu plusieurs deuils. Tout d’abord sa soeur dans son enfance puis son mari avant la naissance de sa fille. Et maintenant cet enfant qu’elle a conçu avec Yiannis, le locataire de la maison de Petra, un braconnier d’oiseaux chanteurs. Ils s’aiment profondément mais c’est une activité illégale qu’elle ne peut supporter.
La disparition de Nisha crève le coeur de Yiannis et ouvre les yeux de Petra sur le sort des immigrées qui doivent quitter leurs enfants pour subvenir aux besoins de leur famille.
Devant l’indifférence de la police, Yiannis et Petra vont mener l’enquête pour retrouver Nisha.
Christy Lefteri combine romantisme, enquête et découverte d’un pays pour mettre en lumière un fait de société. En associant la capture illégale d’oiseaux, en insérant un chapitre mystérieux sur les abords morbides d’un lac rouge, en donnant la parole finale à Nisha, celle qui illumine le coeur des âmes tristes, l’auteur provoque un attachement profond aux personnages et un intérêt à la poursuite de la lecture.

Pourquoi j’ai aimé

La construction alterne le point de vue de Petra et de Yiannis. L’auteur évoque ainsi leur passé, leur présent et surtout leur rapport avec Nisha. Nous découvrons cette jeune femme immigrée au travers de leurs yeux. Nisha ne prend la parole que dans le dernier chapitre et sa voix prend alors beaucoup de poids.
L’auteur ménage un certain suspense. Notamment par l’enquête autour des filles disparues mais aussi par ces chapitres mystérieux intercalés entre les voix de Petra et de Yiannis.
Christy Lefteri ne se contente pas de raconter une histoire de disparition. Elle capte l’intérêt du lecteur avec les passages sur le braconnage d’oiseaux chanteurs et sur les conditions de vie des immigrées. Fragiles, captives, inconsidérées, ces femmes qui ont quitté leur pays et leur famille sont à la merci de profiteurs. Tous comme ces oiseaux chanteurs pris dans les filets des braconniers ou ces mêmes braconniers menacés par la mafia qui les emploie.

Aimé et pas davantage

Sur le sujet de l’immigration de main d’oeuvre féminine, j’avais beaucoup aimé le roman de Marco Balzano, Quand je reviendrai. Plus subtil, il esquisse parfaitement cette ambiguïté  de la mère sacrifiant sa famille pour mieux subvenir à ses besoins. Christy Lefteri fait le choix de mettre cette douleur au second plan et d’élargir avec l’histoire de plusieurs personnages. L’un est dans l’analyse, l’introspection et le second dans l’action, l’histoire relationnelle.

Je remercie Babelio et Seuil pour cette lecture en avant-première dans le cadre d’une Masse critique spéciale.

 

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Auteur

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Commentaires

belavalflorin
9 mai 2022 à 14 h 42 min

Bonjour
Comme toi j’ai rapproché ces deux livres et aussi la roumaine de Tour c’est une forme d’ exil moins connue.



9 mai 2022 à 17 h 38 min

Je suis aussi autour de Chypre avec elif shafak. Je vais peut-être y rester avec les oiseaux changeurs



10 mai 2022 à 11 h 54 min

Sur Chypre, j’avais aimé Au café de la ville perdue.





13 mai 2022 à 1 h 01 min

Ah tiens ! Je ne savais pas qu’elle avait écrit un autre roman. J’ai lu et chroniqué L’apiculteur d’Alep et pareil, j’ai aimé mais sans plus. Je vois que Christy Lefteri a repris ce thème passionnant de l’immigration 🙂



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