Titre : Age of vice
Auteur : Deepti Kapoor
Littérature indienne
Titre original : Age of vice
Traducteur : Michèle Albaret-Maatsch
Editeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 592
Date de parution : 12 janvier 2023
Trois personnages, reflets d’une société
Le roman commence par un accident qui va bousculer le destin de trois personnages. Deux hommes et une femme de milieux bien différents réunis depuis peu au cœur de Delhi, ville violente en pleine évolution.
Ajay est né dans une famille pauvre de l’Uttar Pradesh. A la suite d’un évènement malencontreux, les Singh abattent son père et violent sa soeur violée. Lui est vendu à un recruteur local. On le transporte dans les montagnes comme boy dans une ferme. Il travaille dur, persuadé que ses patrons envoient de l’argent à sa famille. Quand son papa adoptif meurt, la famille le met à la porte. A seize ans, il trouve un travail au Purple Haze, un café de routards. L’hiver, il suit les autres serveurs à Goa.
Là, il rencontre Sunny Wadia, fils d’un riche entrepreneur qui passe sa jeunesse à faire la fête, boire et se droguer. Ajay est fasciné par cet homme qu’il sert avec un grand empressement. Sunny lui propose de venir travailler pour lui à Delhi.
La ville est dangereuse, lui disent-ils, elle grouille d’escrocs, de criminels, elle est moche et sale, c’est pas bon, seuls les riches s’en tirent bien, tous les autres en bavent.
Neda est la fille d’un couple d’intellectuels, un milieu en perte de vitesse dans la nouvelle société indienne. Journaliste, elle aide Dean à dénoncer les projets d’urbanisme qui détruisent les bidonvilles. Lors d’une enquête de terrain, elle rencontre Sunny. Les Wadia, associés aux politiciens et avides de profit n’hésitent pas à exproprier les plus pauvres.
Chaque personnage oscille entre deux réalités. Ajay, bon et honnête, se retrouve être le garde du corps du fils Wadia. Neda, journaliste soucieuse de défendre les habitants des bidonvilles, est amoureuse du fils qui les exploite. Sunny oscille entre haine et respect pour son père. Chacun doit faire des compromis avec sa moralité ou sa dignité pour survivre.
La société indienne
Avec ce roman sur les questionnements des trois personnages embarqués malgré eux dans la violence et l’hypocrisie des clans dominants, Deepti Kapoor dresse de beaux portraits psychologiques mais porte aussi un regard sur la société indienne en pleine évolution. La jeune génération éduquée en Occident rêve de modernité mais le pouvoir reste largement aux mains des politiciens véreux. Ils ont bâti leur empire sur la corruption. Le clan Wadia contrôle les commerces de spiritueux, les transports, la police et la justice. Certains n’hésitent pas à tuer pour assurer leurs profits.
Toi et moi, on connaît le pacte qu’ont conclu nos pères : le tien finance le mien pour le porter au pouvoir, puis le mien s’arrange pour qu’ils amassent l’un et l’autre des richesses qui dépassent l’imagination.
En ville, à la campagne, dans les prisons, tout est affaire de classes. Les plus puissants ont droit de vie et de mort sur les plus faibles.
C’est dans cette ambiance noire et violente que Deepti Kapoor met en scène ces trois destins. Une lecture passionnante, rythmée et addictive.
La dernière partie paraît moins maîtrisée mais c’est sans doute parce que les ramifications se multiplient et que l’on ne connaît pas encore tous les secrets puisque ce livre est le premier tome d’une trilogie.
Commentaires
J’ai aussi été happée par ce roman tellement proche de la réalité du pays à la fois attirant et effrayant. Je l’ai chronique sur delire2lire.blogspot.com
Moi qui croyait que les castes indiennes étaient abolies…..
Je crois que seule les Intouchables sont officiellement abolis. Mais apparemment en pratique les castes sont toujours très présentes. En progressant dans le temps, l’auteur devrait nous en dire davantage avec les deux prochains tomes.