Titre : Tais-toi ou meurs
Auteur :Mark Oliver Everett
Littérature américaine
Titre original : Things the grandchildren should know
Traducteur : Clémentine Goldszal
Editeur : 13e Note
Nombre de pages : 224
Date de parution : octobre 2011

 

Les traces de l’enfance

Mark est le second enfant du couple formé par Hugh Everett, spécialiste de mécanique quantique, auteur de la théorie des mondes multiples, et de Nancy Gore, une femme introvertie sujette aux crises de larmes. Hugh, plombé par une éducation rigide entre un père colonel et une  mère névrosée, ne voulait pas d’enfants. Liz née en 1957 et Mark en 1963 ont été élevés sans tendresse sous la devise «  nage ou coule ». Liz a coulé et Mark a affronté les vagues scélérates.

On nous a appris la solitude.

A six ans, Mark, avec sa première batterie, préfère déjà la musique à l’école, un lieu injuste où les innocents peuvent être accusés. Auprès de sa soeur très protectrice, il découvre le monde des joints, de la bière et de la musique. Le crash d’un avion dans son quartier met pour la première fois Mark face à la mort. Sa vie est ensuite jonchée de drames en commençant par la violence des amis de Liz et la mort brutale de son père.

C’est peut-être ça qui m’a d’abord amené à la musique. C’était magique. Je pouvais transcender le merdier qui m’entourait, et même en faire quelque chose de positif, juste en le mettant en musique.

Un parcours difficile

Mark raconte son adolescence chaotique entre son dégoût des études, la mauvaise influence des amis de Liz, les arrestations pour des bêtises , les petits boulots, les premières expériences amoureuses.
A vingt-trois ans, lassé du vide de sa vie, il décide de partir à Los Angeles afin de vivre pleinement son amour de la musique.

Mon séjour à Hollywood s’éternisait. Trois ans de petits boulots minables et décérébrants, et de sombre dépression. Dieu merci, j’avais mes chansons à écrire et à enregistrer. Je n’avais pas l’ombre d’une vie sociale, je ne faisais que bosser et enregistrer, bosser et enregistrer.

Dans le bus, après la soirée de lancement d’un album de Fleetwood Mac, Mark rencontre John Carter, directeur artistique d’Atlantic Records. C’est le début d’une possible coopération et d’une longue galère à convaincre les maisons de disque. D’autant plus que Mark refuse de se plier aux diktats commerciaux du monde de la musique. Il entend bien produire sa musique selon ses envies, ses humeurs du moment. Il aime innover, changer d’univers, de musiciens, d’instruments de musique. Car sa musique est le reflet de son âme.

Je me sentais devenir un artiste. Un vrai artiste, espérais-je, et j’ai consciemment décidé que c’était ça la priorité, et non pas de faire des tubes ou de vendre des albums, comme semblaient le penser tous ceux qui m’entouraient.

Renaître par la musique

Chaque album est inspiré des drames de sa vie. Par exemple,  Electro-Shock blues est en mémoire de Liz. Un album sur la mort n’est pas commercial. Mais il exprime les émotions du moment et Mark en a besoin pour avancer. Si les maisons de disque ne le suivent pas, il patiente, il peaufine sans en changer l’esprit. Et finalement, lorsqu’il sort, c’est chaque fois un succès.

En étant conscient de sa mort, on gagne aussi une nouvelle perspective sur la vie et sur l’importance d’en faire quelque chose qui compte, quelque soit le sens qu’on donne au mot « compter ».

Lorsqu’il décide d’écrire ce livre, Mark utilise la même démarche. Adopter un style direct sans lyrisme, sans fioritures. C’est comme une confession à un ami. Avec les peines, les pertes, la douleur de la fin de vie, la solitude, les échecs mais aussi les joies d’un album ou un concert réussi, la rencontre d’un chanteur adulé ou d’une amoureuse. Cette honnêteté, cette sensibilité naturelle donnent de la puissance au récit.
Le titre original du livre ( Things the grandchildren should know) traduit son regret amusé de ne pas avoir de descendance. Et c’est un regard positif sur l’avenir. A l’inverse, le titre français est tourné vers le passé puisque Tais-toi et meurs est une phrase de son père. Un père qu’il a finalement compris.

Cette superbe lecture m’a aussi permis de découvrir l’univers musical d’EELS

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

5 août 2023 à 19 h 34 min

Plusieurs découvertes avec cette lecture, c’est chouette.



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