mauvignierTitre : Autour du monde
Auteur : Laurent Mauvignier
Éditeur : Les Éditions de Minuit
Nombre de pages : 372
Date de parution : 4 septembre 2014
Auteur :
Laurent Mauvignier est né en 1967. Prix Wepler 2000 et Prix Livre Inter 2001 pour Apprendre à finir. Prix du roman Fnac 2006 pour Dans la foule.
Présentation de l’éditeur :
Rencontrer une fille tatouée au Japon ; sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord ; nager avec les dauphins aux Bahamas ; faire l’amour à Moscou ; travailler à Dubaï ; chasser les lions en Tanzanie ; s’offrir une escapade amoureuse à Rome ; croiser des pirates dans le Golfe d’Aden ; tenter sa chance au casino en Slovénie ; se perdre dans la jungle de Thaïlande ; faire du stop jusqu’en Floride.
Le seul lien entre les personnages est l’événement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton médiatique donnant à tous le sentiment et l’illusion de partager le même monde.
Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d’abord rivé à lui-même et à ses propres histoires, dans l’anonymat.
Mon avis :
La ronde autour du monde de Laurent Mauvignier commence au Japon, le 11 mars 2011. Guillermo, un jeune mexicain depuis trois semaines au Japon part avec Yûko dans le nord du pays. Là où la terre va trembler et où le tsunami va l’emporter en pleine défonce, ivre et encore tout tremblant des étreintes amoureuses avec Yûko.
Par le hasard d’une trajectoire, grâce à une doudoune qui fait gilet de sauvetage, Yûko survivra  » simplement parce que la vie aime les jeux de dés elle fera danser la vie et la mort pour les voir jouer, s’échanger, se risquer à n’importe quoi et n’importe quoi décidera que Yûko survivra. »
Les images du drame de Fukushima vont faire le tour de la planète et l’auteur nous emmène avec elles, vers d’autres drames plus personnels de spectateurs lointains.
Avec Frantz, heureux gagnant d’une croisière sur l’Odyssée A en mer du nord où il croise un vieux russe et sa fille, avec Yama sportif craignant l’eau nageant aux Bahamas avec les dauphins, avec Salma et Luli, une chilienne sur la trace de ses origines à Tel-Aviv, avec Syafiq en Russie pour sa dernière relation amoureuse avec Stan bientôt père, avec Monsieur Arroyo, un philippin serveur dans un grand hôtel de Dubaï, avec Denis et Dorothée en route pour leur lune de miel aux chutes du Niagara, avec trois couples en vacances en Tanzanie, avec Peter, un métis s’offrant un voyage à Rome avec la copine de son fils, avec Juan et Paula, un couple de retraité victime de pirates au large de la Somalie, avec Ernesto et Giorgio, deux vieillards prêts à risquer leur petite retraite dans un casino à la frontière slovène, avec Alec, un américain brisé par la folie de sa femme Jaycee, jeune mère traumatisée, avec Vince un jeune auto-stoppeur à la recherche de son frère et enfin pour boucler cette ronde avec Fumi, jeune japonaise en vacances à Paris avec sa famille qui envoie un message à sa grand-mère au Japon.
 » Tous ces gens qui se frôlent et ne se rencontrent jamais. »
Ces histoires de vie s’enchaînent avec une fluidité remarquable. Une petite image carrée nous permet de percevoir la transition. Ce sont « des nouvelles qui parlent des hommes et des femmes, des histoires de gens simples qui essaient de s’en sortir dans un monde fait pour personne. » Tous les personnages sont en mouvance, soit en voyage professionnel, en vacances ou au travail dans un autre pays que celui de leur naissance. Loin de chez eux, à la recherche de quoi?
 » quand on part si loin de chez soi, ce qu’on trouve parfois, derrière le masque du dépaysement, c’est l’arrière-pays mental de nos terreurs. »
Et il faut toute la fulgurance, l’intensité du style de Laurent Mauvignier pour incarner des personnages en si peu de pages, pour nous faire vivre la passion des relations, les rêves et les peurs des uns et des autres, les obsessions, les bravades et les doutes de certains.
Si ces drames personnels causent parfois en nous autant de secousses qu’un tsunami, c’est grâce au style de l’auteur. Il était très ambitieux de faire de ces nouvelles, de ces tranches de vie un roman si fluide, une ronde mondiale si bien enchaînée et seul le talent d’un grand écrivain comme Laurent Mauvignier pouvait le permettre.
 » Tous les soirs, contrairement aux touristes qui vivent leur rêve en venant dans un pays qui est une bulle de savon sophistiquée, fragile et improbable, eux espèrent retrouver une île, la leur, très lointaine, où la vie n’est faite ni d’or ni de marbre ni de tours les plus hautes du monde, en se disant qu’aucun paradis ne vaut un chez-soi. »
rentrée

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

13 novembre 2014 à 13 h 17 min

J’étais dubitatif jusque là, ne connaissant pas cet auteur je me demandais si c’était le bon texte pour le découvrir… Tu me donnes envie de passer le pas !



13 novembre 2014 à 14 h 39 min

Bien envie de découvrir l’auteur et le livre



13 novembre 2014 à 17 h 59 min

je continue avec cet auteur et je suis tombée amoureuse de son écriture … j’ai terminé Apprendre à en finir : une claque !



alexmotamots
13 novembre 2014 à 19 h 58 min

Un pari réussi, on dirait.



13 novembre 2014 à 20 h 27 min

sur ma PAL depuis quelques jours, je l’attaque ce week-end ! et j’ai très envie ;o)



13 novembre 2014 à 21 h 19 min

Je l’avais repéré mais sans plus merci pour cette belle chronique 🙂



    14 novembre 2014 à 9 h 20 min

    Je pense que certains lecteurs n’apprécieront pas ce côté un peu recueil de nouvelles, le fait de ne pas avoir un personnage principal.
    Je lis et apprécie les recueils de nouvelles, je n’ai donc pas été gênée par ce point.



13 novembre 2014 à 21 h 46 min

J’avais retenu ce titre dans la liste des 10 livres du prochain Comité de Lecteurs. Ton billet me donne très envie ! Ce sera je crois ma prochaine lecture.



valmleslivres
14 novembre 2014 à 19 h 56 min

J’ai beaucoup hésité à propos de ce livre et grâce à toi, je le mets dans ma LAL. J’aime beaucoup Mauvignier, le principe de ce roman me fait un peu peur.



15 novembre 2014 à 14 h 06 min

C’est indéniable, l’écriture de Mauvignier me va toujours aussi bien, c’est un des styles d’écriture masculins que je préfére. Mais je me rends compte de plus en plus que les nouvelles ne sont pas pour moi, pourtant la plupart je les ai aimé, mais j’aurais vraiment préféré moins d’histoires (mes préférés bien sûr ;0) mais plus longue… Au final je vois qu’il m’a laissé une belle empreinte… Je rajoute ton billet vers les autres pour ce titre, bises et bon week end



    15 novembre 2014 à 14 h 46 min

    Il est vrai que ce roman se rapproche d’un recueil de nouvelles. Et moi, aussi, certains personnages m’ont vraiment plus intéressés que d’autres. En fait, c’est lié avec l’intensité du récit de certains passages ( le récit à Tel Aviv, celui en Russie et celui des deux frères)
    Merci pour le lien



17 novembre 2014 à 12 h 26 min

Les trois que tu cites font aussi partie de mes préférés !! Il en a d’autres encore, comme le premier et celui avec les vieux qui organisent un voyage au casino, oh et aussi celui avec femme qui perd pied…



6 février 2015 à 10 h 29 min

Ta critique m’a donné envie de le lire, donc un grand merci, j’ai découvert un nouvel auteur que j’aime beaucoup!



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *