Titre : Un amour
Auteur : Sara Mesa
Littérature espagnole
Titre original : Un amor
Traducteur : Delphine Valentin
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 208
Date de parution : 4 mai 2022

 

Mise au vert

Natalia, trentenaire, prend un nouveau départ en s’installant à la Escapa, un petit village non loin de Petacas ( sud de l’Espagne), « une poignée de maisons au milieu de nulle part. ». Là, elle loue une vieille maison à un propriétaire véreux. Sans renâcler, elle accepte toutes ses conditions, supportant même sa manière de s’imposer chez elle. A sa demande, il lui donne un chien, un galgo traumatisé qu’elle nomme, à l’image de sa nouvelle vie, Chienlit.
Petit à petit, elle rencontre les quelques habitants du village. Tout d’abord, Piter surnommé le Hippie, un homme sympathique qui la conseille et la met en garde sur son entourage. Mais il y a aussi une famille de gitans parquée à la périphérie, un couple de vieux, le Gros qui tient le bar, une famille avec deux enfants qui sont ses proches voisins et le taiseux que tous appellent l’Allemand.
Tant bien que mal, Natalia tente de se créer un cadre agréable et de s’atteler à son nouveau métier de traductrice.

Un climat troublant

Au premier orage, Natalia s’aperçoit que la toiture de la maison est pourrie. Bien évidemment son propriétaire ne veut rien entendre. La jeune femme reçoit alors une proposition étonnante de l’Allemand.

Considérés séparément, ses traits manquent de grâce, ils sont même ordinaires : le nez busqué, les lèvres lippues sous la moustache rugueuse et grisonnante, les ombres violacées  qui accentuent encore davantage le renfoncement de ses yeux. Mais l’ensemble la subjugue.

Pourquoi Natalia a-t-elle accepté le troc de l’Allemand ? Et surtout pourquoi se jette-t-elle à corps perdu dans cette relation malgré les avertissements de tous. L’allemand semble être rejeté par le village entier. Cherche-t-elle à expier un acte dont elle se sent coupable ? L’allemand, ce taiseux impassible est-il la personne capable de combler son besoin vital d’être aimée ?

Elle devient de plus en plus petite et lui, toujours plus fort. De plus en plus dépendante, et lui toujours plus libre.

En proie au questionnement

Natalia est une femme qui se pose beaucoup de questions, qui se fait des films. Elle fuit une blessure d’enfance et une expérience culpabilisante dans sa vie professionnelle. Fuir à la campagne, dans ce climat hostile, ne règle rien. Car les gens des campagnes ne laissent rien passer. Au contraire, ils la remettent face à se peurs, ses rêves troublants.
Soucieuse de s’intégrer, elle s’avilit jusqu’à perdre toute respectabilité. Tout comme Chienlit, elle ne parvient pas à calmer ses peurs dans ce nouveau milieu. Ira-t-elle jusqu’à mordre ou choisira-t-elle de s’effacer ?

Elle n’appartient pas à ce lieu, elle n’y a jamais appartenu.

Pourquoi je recommande ce roman

Tout d’abord parce que j’adore l’univers de cette auteure. Et, si vous aimez les atmosphères ambiguës et les je vous recommande ses deux autres livres traduits en français, Quatre par quatre et Cicatrice. Chaque fois, l’auteur explore les relations de domination et de culpabilisation avec brio.
Si l’histoire de fond n’est pas ici spectaculaire, on retrouve l’ambiguïté, la finesse des analyses psychologiques des personnages. J’aurais aimé en savoir davantage sur le passé de Natalia mais finalement, avec le recul, je suis certaine que cela aurait desservi l’intrigue.
Un récit hypnotique et troublant désigné meilleur roman de l’année 2020 en Espagne qui confirme mon intérêt pour l’univers de Sara Mesa.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 mai 2022 à 10 h 41 min

Je me le suis offert. J’ai hâte de découvrir cette autrice, je ne la connaissais pas.



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