Titre : Victor
Auteur : Claudie Gallay
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 192
Date de parution : 5 octobre 2022

Gènes et liberté

J’aime beaucoup l’incipit de ce roman

80% de ce que nous sommes vient de nos gènes, le reste c’est de la liberté.

Nous sommes portés par nos ancêtres, accompagnés de nos familles et chargés du mystère de nos défunts. Nous avons toutefois la liberté de s’inscrire ou pas dans leurs traces.
Face au caractère de Claudie, sa mère serinait sans cesse «  Mais de qui peux-tu bien tenir? Ou bien d’où tu sors? »
Adulte, devenue artiste dans une famille de paysans, Claudie a bien l’intention de répondre à cette question. D’instinct, elle se rapproche de son grand-père maternel, enfant abandonné à la naissance. En 1990, elle le questionne, enregistre ses confidences. Si il ne veut pas parler de sa mère qu’il déteste pour l’avoir abandonné à la naissance, il est plus loquace sur Victor, son géniteur retrouvé avant de partir au service militaire.
L’auteur invente la vie de Victor à partir des souvenirs de son grand-père.
Mais en mars 2020, en plein confinement, Claudie cherche la vérité et s’engage dans des recherches en généalogie.

Victor et Virginie

Pour Claudie, Victor reste un homme mystérieux aperçu parfois sur quelques photos de famille. Charismatique, il a toutefois séduit toute la famille de son fils retrouvé. Pourtant, lui aussi, avait abandonné son fils mais pour le grand-père «  ce sont les mères qui abandonnent. »
Alors Claudie veut aussi redonner vie à Virginie, la femme qui a mis au monde son grand-père.
Au fil de ses recherches, elle recompose le passé de Victor et de Virginie. Finalement, son grand-père était fier de ses écrits qui donnaient vie à ses origines. Et c’est aussi une façon de redonner vie à un violon mystérieux trouvé dans la maison des grands-parents.

Comprendre d’où l’on vient

Claudie est née dans un village, entourée d’animaux de la ferme. Elle connaît la valeur de la terre, des ses grands chênes que l’on plante et qu’on lègue aux fils. Elle est aussi une fille dans une famille patriarcale, une fille née en seconde position douée pour l’observation et la contemplation. Elle possède les forces et les faiblesses de ses origines.
La découverte du passé de Victor, homme de théâtre, lui confirme que son côté artiste fait aussi partie de ses gènes.
Peut-être a-t-elle aussi un peu de cette liberté féminine de Virginie. Au cours de ce récit, l’auteur évoque souvent la condition féminine. Depuis les contes misogynes lus aux enfants, l’éducation patriarcale, la maternité imposée aux femmes plus qu’aux pères, elle pointe du doigt cette différence de liberté entre les sexes.
Avec ce récit pourtant intitulé Victor, elle redonne aussi vie à Virginie.

De Claudie Gallay, j’aime ses belles romances dans une nature toujours prégnante mais j’apprécie surtout quand elle dresse le portrait d’artistes en y invitant ses émotions. J’avais eu un vrai coup de foudre pour Détails d’Opalka. Victor, ce court roman mêle histoire de famille romancée et état d’âme d’une autrice en confinement. Moins passionnant qu’Opalka mais une belle découverte tout de même.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

21 novembre 2022 à 16 h 12 min

Il y est encore question de photographie ?



22 novembre 2022 à 8 h 30 min

Il va bien falloir que je la découvre un jour… en commançant par Opalika, donc 😉
et bonne lecture de Chris Kraus, je m’étais régalée et j’avais beaucoup ri !



22 novembre 2022 à 19 h 17 min

j’aime beaucoup son écriture aussi ! Celui là n’est pas mon préféré non plus, mais un bon moment de lecture



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