Titre : Border la bête
Auteur : Lune Vuillemin
Editeur : La Contre Allée
Nombre de pages : 192
Date de parution : 12 janvier 2024

 

Plongée au cœur de la nature sauvage

Fuyant les plaines où elle vient de perdre Franck, un brasseur de houblon qu’elle aimait comme un père, une femme fait du stop aux abords d’une forêt. Le garde-forestier la prend en charge mais doit changer de cap pour se rendre sur le sauvetage d’un animal en danger. Une orignale s’est fait prendre au piège dans les eaux gelées du lac Petit. Là, la narratrice est subjuguée par le travail d’ Arden, une femme aux mains étranges et de Jeff, un homme à l’oeil de verre.
Sans réelle destination, elle accepte de les suivre dans leur refuge pour animaux sauvages blessés. Arden propose de la loger contre quelques heures au service des animaux malades.
La narratrice aime cette vie au plus près de la nature. Elle écoute les conseils d’Arden, aime suivre Jeff dans la forêt. Ce sont des lieux reposants où il faut savoir écouter le silence, respecter la vie animale. Lune Vuillemin décrit cette nature sauvage avec beaucoup de poésie en faisant appel à tous nos sens.

Je ne peux pas croire que ce qui se joue dans la nature n’est que survie, reproduction, naissance, prédation et mort. Il y a autre chose, j’en suis persuadée. La forêt regorge d’histoires et elles ne sont pas les nôtres. Que dit un arbre envahi par le parasite ? Existe-t-il un pleur, une lamentation ou une résignation en langue végétale que nous ne saurions discerner ? De temps en temps j’entends mon cœur ou alors je sens l’appel d’une articulation et le désir gonflant de la faire craquer. Je ne parviens pas à me détacher de mon corps, il est là, sa présence fait partie de la forêt et de ses bruits. Je repense à tout ce qui ne se joue pas quand je suis là.

Un lieu de reconstruction

La rivière Babine est un personnage à part entière, tout comme le sapin baumier, la lumière ambrée. C’est un lieu habité d’esprits, de faune, de flore, de lumière, de bruits et de silence. Dans cette forêt et ce refuge, animaux blessés et humains peuvent se reconstruire loin de la violence des hommes. La narratrice et Arden se retrouvent autour de leur passé traumatique. Ensemble, dans ce lieu apaisant et protégé, elles peuvent panser leurs plaies respectives.
Mais les tentatives pour sauver la nature et les âmes semblent parfois vaines.

Je pense parfois à l’orignale et à ce cordon entre nous, à mes tentatives vaines de lui insuffler ce qu’il lui faut pour reprendre des forces. Jeff dit qu’Arden ne se remet jamais de leurs échecs. On ne s’habitue jamais à échouer. Moi je crois qu’on ne s’habitue tout simplement pas à la mort.

Un très beau récit qui nous rappelle avec beauté l’importance de la nature pour la sérénité de nos vies et le nécessaire besoin de la protéger.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

25 mars 2024 à 10 h 48 min

J’ai adoré ce récit lu dans le cadre du prix Orange auquel je participe…



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