pouyTitre : S63
Auteur : Jean-Bernard Pouy
Éditeur : Invenit
Nombre de pages : 76
Date de parution : novembre 2014
Auteur :
Né en 1946, auteur de plus de  soixante-dix romans noirs (dont onze à la Série Noire) et d’une centaine de nouvelles, directeur et créateur de collections, partagé entre distance cynique et gravité libertaire, Jean-Bernard Pouy évoque, dans la plupart de ses récits, les dysfonctionnements de notre société contemporaine. Il est le créateur du personnage Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe, aux éditions Baleine dont il est un des fondateurs. En 2002, il publie Die Amsel (Le Merle), laissant croire qu’il n’est que le traducteur d’Arthur Keelt, romancier imaginaire auteur du roman, et dont les citations se retrouvent dans d’autres livres de Pouy. Adepte de l’Oulipo, il pratique assidûment l’écriture à contraintes ; il participe notamment à l’émission Des Papous dans la tête sur France Culture.
Présentation de l’éditeur :
« J’ai recouvert le tableau avec une toile épaisse et je l’ai planqué dans un tas de ringardises à base de fleurs. Ce n’était pas le moment que quelqu’un d’autre voie ça… »
Au hasard d’une brocante bretonne, le narrateur déniche, pour la somme de vingt euros, un tableau sans intérêt, un de ces « excréments de l’art » qu’il affectionne. De retour à Paris, il est convaincu par son voisin que l’objet acheté pourrait être d’une certaine valeur et finit par gratter lui-même la couche de peinture qui permettrait d’aboutir à la réponse définitive. Et là, déconcertante surprise ! Voilà notre narrateur entraîné dans une enquête à rebondissements, où les œuvres d’un peintre névrosé du XVIIIe siècle cachent un étrange mystère. Quand le futur s’invite dans le passé… Par l’un des maîtres du roman noir, une histoire savoureuse qui interroge le rapport entre l’art, la mort, un téléphone modèle 1963, un autobus et un hélicoptère.
Mon avis :
J’ai découvert les Editions Invenit grâce à Libfly et notamment avec sa collection Ekphrasis, de superbes petits livrets qui donnent la parole à un écrivain au sujet d’une œuvre d’art. J’ai ainsi découvert la plume de Maurice Pons sur un tableau de Paul Klee, auteur que je viens de relire avec Mademoiselle B. mais aussi celle de Jean-Bernard Pouy pour un tableau de Remy Cogghe ( Combat de coqs en Flandre)
Jean-Bernard Pouy, écrivain de romans noirs et amateur d’arts, collabore ici avec Invenit sur un autre thème, celui du Récits d’objets.
En association avec le Musée des Confluences de Lyon qui compte plus de deux millions d’objets de toutes matières et de toutes provenances, Invenit convie des auteurs  » à en faire la matière de leurs récits« .
Jean-Bernard Pouy a choisi ce téléphone des années 60, le S63, parfois utilisé dans les films noirs comme « arme de matraquage« .
Dans son enfance, l’auteur a visité beaucoup de musées et il a même fait des études en Histoire de l’Art, c’est donc tout naturellement qu’il inscrit son récit dans ce milieu.
Le narrateur est un adepte des vide-greniers mais pour éviter la fatigue et l’ennui, il s’astreint à trouver l’objet le plus nul ou le plus laid, au grand dam de sa femme.
Cette fois, il achète une peinture sur bois représentant un intérieur hollandais du XVIIIe siècle.
 » Mais plus je le contemplais, plus je me disais que j’avais un plaisir incomplet. La zone de surpeint m’attirait de plus en plus, c’était comme un bandeau sur l’œil, comme un pagne mal placé, une feuille de vigne superfétatoire. »
Animé par un voisin restaurateur, il pense avoir déniché une œuvre d’art signée mais il faut pour en être certain retirer les surpeints. Et surprise, apparaissent alors les initiales du peintre et un téléphone à cadran.
L’auteur, en spécialiste du roman noir, nous entraîne alors dans un enquête sur les origines du tableau et sur l’identité du peintre qui révèlera bien d’autres anachronismes.
 » A chaque fois, cet artiste montrait qu’il traversait les temps et que, sans insister lourdement, il le faisait savoir. »
A la fois enquête et réflexion sur la valeur, l’intemporalité et l’interprétation de l’art, le récit dynamique et intéressant nous plonge dans l’humour et le fantastique avec le plaisir d’expressions personnelles (wikimesgenoux) et de mots de patois (wassingue, imbitable, ensuqué)
Jean-Bernard Pouy est un excellent conteur capable de créer une histoire incroyable en regardant un œuf à repriser ou de vous faire part des impressions d’enfants devant certains tableaux très célèbres.
 » Mais non, quand on achète un objet, il faut tenter d’imaginer sa vie, ce qu’il pense, ce qu’il a enduré, ce qu’il voudrait pour ses vieux jours. »
De l’imagination, l’auteur n’en manque pas, et ses délires interprétatifs et son analyse de la mort dans l’art nous réservent une fin à la hauteur de sa capacité à manier l’humour noir.
Je remercie les Editions Invenit et Libfly pour ce plaisir de lecture octroyé dans le cadre de

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 novembre 2014 à 0 h 55 min

Humour noir tu dis ? tentant





19 novembre 2014 à 13 h 10 min

Toujours remarquables les livres de JB Pouy, il prend son inspiration dans le quotidien et part dans des directions parfois insoupçonnées



alexmotamots
19 novembre 2014 à 18 h 54 min

Un livre qui pourrait me réconcilier avec l’auteur.



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