Titre : Daphné disparue
Auteur : José Carlos Somoza
Littérature cubaine
Titre original : Dafne desvanecida
Traducteur : Marianne Millon
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 224
Date de parution : septembre 2008

 

L’entrée du labyrinthe

Juan Cabo, écrivain né à Madrid en 1964, a un accident de voiture la nuit du 13 avril 1999 en sortant du restaurant La Floresta invisible. Lorsqu’il se réveille dans une chambre d’hôpital, il est indemne mais amnésique. Pour fixer sa mémoire, une femme médecin lui conseille de noter sur un cahier sa vie en deux colonnes ( les faits et les personnages marquants).
De retour dans sa maison de Mirasienna qu’il occupe depuis sept ans avec sa bonne Ninfa, il lit la phrase inachevée inscrite dans le carnet noir retrouvé dans sa voiture.
C’est une description sensuelle d’une femme en robe noire assise dos à lui au restaurant. Ce dos mis en valeur par l’échancrure de la robe et le chignon de cheveux châtains lui a fait tourner la tête. Il n’a plus qu’une obsession : retrouver cette femme. Mais existe-t-elle vraiment ?

Les détours labyrinthiques

Son enquête débute dans ce restaurant au concept particulier. Pendant leur repas, les convives sont invités à écrire leurs impressions, leurs fantasmes sur un cahier noir. Le restaurateur garde précieusement ces cahiers dans une pièce sécurisée. Un client du 13 avril a peut-être écrit quelque chose sur  la femme mystérieuse de la table 15, lui donnant ainsi une réalité.
Etrangement, les textes ont été modifiés «  en pleine fantaisie » laissant le doute sur l’existence d’une personne à cette table décorée de lauriers.
Juan Cabo engage un détective privé et critique littéraire. L’inconnu existe-t-elle vraiment ou n’est-elle qu’un personnage de roman?

La littérature est un labyrinthe

José Carlos Somoza nous entraîne dans le vertige des mises en abyme.  Auteurs, personnages, fiction, réalité…l’esprit du lecteur doit jouer sur plusieurs dimensions. L’avantage de la fiction est que tout devient possible. L’auteur ne se prive pas de fantaisie. Les personnages sont truculents, les situations rocambolesques, les descriptions hautes en couleur. Et Le suspense est omniprésent.
Quelle écriture! Et je peux dire «  C’est un livre délicieux, je l’ai dévoré. »
Parfois, le suspense est contenu dans une phrase, un paragraphe. On démarre avec une idée en tête que l’auteur vient déjouer d’un rebond.

La création littéraire

Ce roman truculent est aussi et surtout une réflexion sur la littérature. Cette littérature qui emporte de page en page, qui ne répond pas à nos questions mais les éclaire.
Mais aussi à ce besoin furieux d’écrire, à la place de la réalité et de la fiction dans une œuvre. Au travers de son roman, l’auteur se transforme en ses personnages, se métamorphose pour se trouver. Les métamorphoses d’Ovide sont un fil rouge de ce roman d’où le titre et la table 15 ornée de lauriers. Daphné, nymphe d’une grande beauté fut transformée en laurier par son père pour déjouer les plans amoureux d’Apollon.
José Carlos Somoza craint aussi cette prochaine ère qui placera l’éditeur en maître sur la création. Aux siècles passés, le personnage de roman ( Quichotte, Anna Karénine…) était l’élément principal. De nos jours, l’auteur est primordial. En s’effaçant derrière son personnage jusque dans les remerciements, on comprend pertinemment ce qui prévaut pour le génial José Carlos Somoza.
Gros coup de coeur pour ce roman et j’ai la chance d’avoir d’autres titres de l’auteur en réserve,

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

13 février 2023 à 15 h 47 min

Merci pour cette participation, avec un coup de cœur en plus ! J’avais aimé La dame n° 13 et surtout Clara et la pénombre de cet auteur. Je note ce titre, qui me semble être une bonne occasion de le retrouver..



13 février 2023 à 16 h 18 min

Tu donnes en tous cas sacrément envie ! Je ne crois pas avoir déjà lu l’auteur. Rien de trop emberlificoté avec ces labyrinthes?



13 février 2023 à 19 h 56 min

Tu me donnes envie de découvrir l’auteur avec ce roman.



14 février 2023 à 10 h 09 min

J’aime vraiment beaucoup Somoza, son style, son inventivité. Et ce titre-là, je ne l’ai pas lu.



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