Titre : Frappe-toi le coeur
Auteur : Amélie Nothomb
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 180
Date de parution : 23 août 2017

Quelques semaines avant la parution du nouveau Nothomb ( Soif, Albin Michel, 21 août 2019), je me donne un avant-goût de l’univers nothombien en sortant le roman de 2017 qui attendait sur mes étagères. Le rythme annuel de parution, l’univers très marqué d’Amélie ôtent une partie de l’envie et me poussent souvent à préférer la découverte de nouveaux auteurs.

Mais c’est toujours un plaisir pour moi de lire cette conteuse extravagante, qui, de petites histoires pointe les défauts de l’âme humaine et exorcise ses propres démons de l’enfance.

«  Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie. », cette petite phrase d’Alfred de Musset est utilisée comme présentation du roman en guise de quatrième de couverture ( une phrase en quatrième de couverture de chaque roman est aussi une signature de l’auteure).

Les romans d’Amélie Nothomb s’apparentent de plus en plus à des contes. Et celui-ci en utilise tous les codes. Jusqu’à la simplicité des prénoms, chose rare chez l’auteure.

Il était une fois, Marie, une jeune fille si belle que tous les garçons voulaient la séduire et toutes les filles la jalousaient. L’amour ne la tentait pas. Si elle accepte la cour d’Olivier, le fils du pharmacien et le plus beau garçon de la ville, c’est uniquement pour rendre jalouses toutes les filles. Enceinte à dix-neuf ans, elle épouse rapidement Olivier, sans prétendre à la grande cérémonie dont elle avait rêvé.

A la naissance de Diane, une petite fille dont la beauté risque de dépasser celle de la mère, Marie voit tous ses espoirs d’idéal anéantis.

«  J’ai 20 ans et c’est déjà fini. »

Diane souffre en silence de l’indifférence de sa mère. Elle compte sur le regard de son père qui pourtant vacille, aveuglé par les exigences de sa femme et surtout sur l’affection de ses grands-parents paternels. 

La pauvre gamine espère tant retrouver la tendresse enfouie qu’elle a soupçonnée un soir où Marie, enceinte de son deuxième enfant, en proie à un cauchemar, est venue la serrer dans ses bras.

«  C’était donc cela, le sens, la raison d’être de toute une vie : si l’on était là, si l’on tolérait tant d’épreuves, si l’on faisait l’effort de continuer à respirer, si l’on acceptait tant de fadeur, c’était pour connaître l’amour. »

La belle Diane possède aussi toutes les vertus, notamment la compassion et l’intelligence. Elle analyse et comprend la jalousie de sa mère qui aime tendrement son second enfant, un fils qui ne peut faire ombrage à sa beauté. Elle perd toutefois pied quand elle perçoit l’amour excessif qu’elle voue à son troisième enfant, Célia, une petite fille joufflue.

A onze ans, étonnée par la clairvoyance et l’écoute d’un médecin, Diane décide de son avenir. Toute son énergie se portera sur l’étude.

«  A 11 ans, se découvrir un but change tout. Que lui importait son enfance gâchée? »

Altruiste, intelligente, Diane, interne en cardiologie, n’en a pourtant pas fini avec la jalousie et l’ambition des mères aveugles aux souffrances de leur progéniture.

«  Il apparaissait maintenant à Diane que le mépris était pire que la haine. Celle-ci est si proche de l’amour que le mépris lui est étranger. »

Sous cette plume enjouée, Amélie Nothomb glisse les douleurs personnelles de son enfance ( on retrouve la solitude de l’enfant et les craintes de l’obésité). Son talent d’écrivain rend palpable les souffrances de la petite Diane et de Mariel, la fille de sa maîtresse de conférence en cardiologie. 

Plus sage et réaliste, ce court roman est parfaitement maîtrisé et particulièrement attachant.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

24 juin 2019 à 9 h 49 min

Je n’ai lu que très peu de choses de cette auteure, mais celui-ci je l’ai aimé 🙂



24 juin 2019 à 16 h 03 min

Et moi j’adore l’assassiner. Parce que je trouve que c’est tellement fake. Genre j’ai écrit 40 bouquins, et tous les ans j’en prends un que je redécore et je le fais publier par Albin Michel. Sans parles de tous les trucs pas crédibles.



annie-france belaval
24 juin 2019 à 22 h 13 min

Je crois bien les avoir tous lus…une à deux heures de divertissement; j’en ai aimé certains dont celui-ci.



26 juin 2019 à 11 h 25 min

Je dois dire que je n’ai pas retenté encore de lire Amélie Nothomb, sans doute je devrais… 😉



Ariane daphné
28 juin 2019 à 22 h 27 min

Passé un temps, j’ai beaucoup aimé les livres d’Amélie Nothomb. Et puis, j’ai complètement abandonné ma découverte de cette auteure, cela fait des années que je n’ai pas lu une de ses livres. Peut-être devrais-je m’y remettre.
Daphné



1 juillet 2019 à 19 h 49 min

Oh oui, les deux derniers sont assez liés en fait et ils m’ont bien plu ! 🙂



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