aslamTitre : Le jardin de l’aveugle
Auteur : Nadeem Aslam
Éditeur : Seuil
Littérature pakistanaise
Traducteur : Jean et Claude Demanuelli
Nombre de pages : 416
Date de parution : août 2013

Auteur :
Nadeem Aslam, né au Pakistan en 1966, a quatorze ans lorsque sa famille, fuyant le régime du général Zia, s’installe en Angleterre. Après des études à l’université de Manchester, il se consacre à l’écriture. Le Jardin de l’aveugle est son quatrième roman, en cours de publication dans plus de dix pays où son talent a déjà été largement salué.

Présentation de l’éditeur
:
Dans les mois qui suivent les attentats du 11 Septembre, deux jeunes gens, Jeo et son frère adoptif Mikal, l’un étudiant en médecine, l’autre rompu au maniement des armes, quittent leur bourgade du Nord pakistanais et se rendent clandestinement en Afghanistan pour porter secours à leurs frères musulmans. Jeo laisse derrière lui Naheed, la beauté qui est devenue son épouse, et son père Rohan, veuf inconsolable qui perd peu à peu la vue. Son seul réconfort : son jardin superbe. Fondateur d’une école, Rohan en a été chassé par les islamistes qui préparent les élèves au djihad. Mikal, amoureux fou de Naheed, a préféré s’éloigner d’elle par respect pour Jeo. Mais, très vite, Mikal et Jeo sont séparés, engloutis dans la spirale des affrontements qui opposent Américains et talibans et qui profitent aux seigneurs de guerre.
Le jardin de l’aveugle est traversé par une telle intensité d’émotions et un tel souffle poétique que le lecteur en sort ébranlé. La mort est omniprésente, mais la vie aussi, vibrante de couleurs, de parfums et d’amour. Ici il n’y a qu’une leçon à retenir, celle de vivre à tout prix.

Mon avis :
Il n’est pas facile d’entrer dans ce récit d’une part à cause du style et d’autre part de l’environnement. Mais il serait dommage de ne pas persévérer.
Le style, parce que l’auteur peut insérer des passages de souvenirs au cœur même d’un paragraphe. Toutefois, si cela surprend, je me suis chaque fois très vite recadrée sur le fil du récit. L’auteur associe aussi facilement le côté sombre de la guerre et la beauté de la nature, insère des faits liés aux croyances musulmanes. Mais cette imprégnation donne une force au récit à l’image de ce pauvre hère, fakir qui traîne des chaînes, chaque maillon correspondant à un vœu qu’on lui confie.
L’environnement parce que mon esprit occidental avait des difficultés à me positionner entre les différents engagements des musulmans ( talibans, musulmans qui aident les américains, ceux qui coopèrent avec les services secrets pakistanais)
Par contre, une fois passée ces contraintes, j’ai très vite été passionnée par le sort de Mikal et de ses proches.
Nous sommes en octobre 2001, juste après les attentats du 11 septembre. Le rattachement du Pakistan aux intérêts américains provoque des représailles de certains islamistes. C’est avec la famille de Rohan que nous allons suivre cette période mouvementée où règne toujours l’anti-américanisme, la corruption, l’oppression des femmes et le pouvoir des religieux.
Rohan le patriarche prie pour la mémoire de sa femme, qui avait renié l’islam. Il a perdu son école qui est désormais entre les mains de Kyra, un ancien militaire allié aux services secrets pakistanais. Son fils Jéo, étudiant en médecine s’est enfui avec Mikal, jeune garçon recueilli par Rohan vers l’Afghanistan pour aider les réfugiés. Ils seront rapidement capturés par des seigneurs de guerre et vendus aux américains.
Naheed, la femme de Jéo, se retrouve seule, tiraillée entre la perte de Jéo et celle de Mikal, son premier amour. Elle sera le symbole de toutes les cruautés faites aux femmes en ce pays. Chaque personne de la famille se trouve confrontée aux horreurs de cette guerre ( prise d’otages, emprisonnement par les seigneurs de guerre ou les américains, mariage forcé, complot, corruption). Et très vite l’étau se resserre sur cette famille et l’émotion devient poignante.
Grâce à cette histoire familiale aux personnages attachants, l’auteur nous donne une vision assez sombre et brutale du monde musulman en gardant toutefois une douceur relative à l’empathie des personnages et une poésie liée aux couleurs et parfums du jardin de Rohan. Comme moi, vous resterez peut-être étonnés des ruses « technologiques » de Mikal pour se sortir de certaines passes difficiles mais j’oublie vite ces détails pour me concentrer sur l’essentiel du récit.
De plus, l’auteur nous laisse une fin ouverte et l’espoir que peut-être des jours meilleurs peuvent exister.

« Pudeur et décence résident dans l’esprit, pas dans l’habit. »

 » Personne d’ici ne peut savoir ce que savent les Occidentaux, dit l’homme. On ne les connaîtra jamais. Le fossé est trop profond, trop définitif. C’est comme si on demandait ce que savent les morts ou ceux qui sont à naître. »

«  La vie se met en travers de ton chagrin…On s’oblige à oublier sa souffrance parce qu’il y a d’autres choses dont il faut s’occuper. Mais quand on s’en souvient…eh bien…c’est une étrange douleur, comme si quelqu’un avait égaré une lame de rasoir dans ton âme.« 

Je remercie la librairie chapitre d’Orléans pour le prêt de ce livre dans le cadre du Club de Lecture.

RL2013 abc

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 octobre 2013 à 9 h 04 min

Si j’ai bien compris, il me faut choisir le moment opportun pour m’atteler à ce roman qui m’attend bien sagement .



3 octobre 2013 à 9 h 50 min

J’espère trouver ce livre à la bibliothèque, car bien que dur, tu donnes vraiment envie de le lire



    3 octobre 2013 à 11 h 31 min

    Il est vrai qu’à un moment, j’ai vraiment eu de la compassion pour les personnages parce que je ne voyais pas comment ils allaient s’en sortir. Peut-on sortir indemne de ce genre de vies ? Souvent, je me dis quelle chance j’ai d’être née ici et à cette époque.



3 octobre 2013 à 10 h 05 min

J’ai lu les deux premiers romans traduits en français et je les ai appréciés. Donc je lirai sans aucun doute ce nouveau roman.



alexmotamots
4 octobre 2013 à 9 h 42 min

Tu as su passer par-dessus les écueils du roman.



6 octobre 2013 à 17 h 09 min

C’est vraiment difficile à lire tout ce que subissent les femmes en ces pays. A chaque fois cela me met dans tous mes états.



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