ObiomaTitre : Les pêcheurs
Auteur : Chigozie Obioma
Littérature nigériane
Titre original : The fishermen
Traducteur : Serge Chauvin
Éditeur : Éditions de l’Olivier
Nombre de pages : 298
Date de parution: 7 avril 2016
C’est à Akure, petite ville de l’ouest du Nigeria que vit le narrateur, Ben, jeune garçon de neuf ans. Sa famille est relativement aisée car son père, Eme, travaille à la Banque centrale du Nigeria.
Lorsque le père est muté à Yola, ville situé au Nord à quinze heures de route, la mère peine à maintenir l’éducation stricte de ses six enfants. Les quatre garçons plus âgés ( Ikenna, 15 ans, Boja, 14 ans, Obembe, 11 ans et Ben) désobéissent en allant pêcher avec leurs copains dans le Omi-Ala, fleuve autrefois considéré comme un Dieu devenu aujourd’hui un lieu dangereux et malsain. La sanction du père, de retour pour le week-end sera lourde. Ikenna, l’aîné et le guide de ses frères sera le plus lourdement fouetté.
 » D’un autre côté, je veux que vous sachiez, tous autant que vous êtes, que, même, si ce que vous avez fait était mal, cela prouve une fois de plus que vous avez le courage de vous lancer dans des entreprises aventureuses. Cet esprit aventureux, c’est l’esprit des vrais hommes. C’est pourquoi, à dater de ce jour, je veux que vous canalisiez cet esprit vers des entreprises plus fécondes. Je veux que vous soyez des pêcheurs d’un autre ordre. »
Eme, père autoritaire a toujours souhaité une éducation occidentale pour ses enfants, souhaitant les envoyer étudier chez un ami au Canada. Les aînés doivent être des exemples pour leurs frères et sœur. C’est ce qu’a toujours ressenti Ikenna jusqu’au jour où il croise Abulu, un mendiant prophète un peu fou qui lui annonce qu’il sera tué par un pêcheur.  » Ikena, tu mourras comme meurent les coqs. »
Cette prophétie distille la peur dans l’âme d’Ikenna.
«  J’ai entendu dire que lorsque la peur prend possession d’un cœur, la personne s’en trouve amoindrie. On aurait pu le dire de mon frère, car, lorsque la peur prit possession de son cœur, elle le dépouilla de bien des choses: sa sérénité, son équilibre, ses relations , sa santé, et même sa foi »
Le garçon devient rebelle, violent. Il abandonne la religion et rejette désormais son frère Boja qu’il aimait tant. La fratrie, pourtant très soudée par différents événements politiques communs, des jeux d’enfants, des liens fraternels solides vole en éclats.
Je ne souhaite pas trop en dire sur l’intrigue que vous découvrirez avec les réactions de chaque personnage au travers des yeux de Ben. Mais, une chose est certaine, avec ce sens de la tragédie, ce pouvoir romanesque et l’exotisme de l’ethnie igbo à laquelle appartient l’auteur et les personnages, vous serez happés par cette vibrante histoire.
 » La haine est une sangsue. Cette créature qui vous colle à la peau, se nourrit de vous et vide votre esprit de sa sève. Elle vous transforme, et ne vous laisse pas avant d’avoir aspiré votre dernière goutte de paix. Elle s’accroche à la peau, s’enfouit toujours plus profond dans l’épiderme, au point que l’arracher vous déchire aussi la chair, et que la tuer, c’est vous flageller. »
Avec ce roman fort sur la fraternité, Chigozie Obioma, jeune auteur de 29 ans fait une très belle entrée sur la scène littéraire internationale.

Avis de Kathel
Je remercie dialogues pour la découverte de cet auteur que je vous recommande particulièrement.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 mai 2016 à 20 h 22 min

Oh oh, tu aiguises ma curiosité !



5 mai 2016 à 9 h 49 min

J’avais repéré ce roman avant sa parution, ce qui est assez rare ! 😉 J’espère le trouver bientôt en bibliothèque…



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