Titre : Là d’où je viens a disparu
Auteur : Guillaume Poix
Éditeur : Verticales
Nombre de pages : 288
Date de parution :3 septembre 2020

 

Dans un autre monde, comment je serais? Une fille de quinze ans, ça ressemble à quoi quand elle n’est pas d’ici? est-ce qu’elle brûle? Est-ce qu’elle court, trace, est-ce qu’elle tombe? Écouteurs enfoncés dans les oreilles, trop profondément, à toucher les tympans, presque le cerveau, les idées s’y fracassent comme une bombe, volume maximal, ça fait mal,basses vibrant le long des cartilages, irradiant la mâchoire, mes dents grésillent, zips et courbes, accélérations et hurlements de vampires, voiture qui saute, coups de fouet ça pardonne pas, bruit de lance-flammes résonnant dans le bas-ventre, fauchée, lacérée, électrocutée par l’intro – j’ai lancé Run the world.

Partir parce qu’ici,en Somalie ou au Salvador, il n’y a pas d’espoir, pas de liberté, pas d’avenir. c’est le vœu de la somalienne Angie, de la libyenne Giantou de Luis qui veut sauver de la violence du Salvador sa femme et sa fille. Ils ont tous une connaissance qui a réussi à passer aux Etats-Unis comme Litzy, mère clandestine d’un enfant né sur le sol américain ou Sahra, celle que l’on croit professeur mais qui doit se contenter de faire le ménage chez les riches américains. Ils représentent l’espoir mais il y a aussi la peur de cette aventure dangereuse. Les images choc d’un bébé échoué sur une plage, les listes d’anonymes morts en exil le prouvent.

Avec ce roman choral, Guillaume Poix part avec beaucoup de personnages dont on sait peu de choses, si ce n’est leurs peurs, leur indignation. Puis, au fil de l’eau, les personnages prennent de l’étoffe, les liens se font entre ces étrangers de tous pays. Tous unis dans l’espoir et la désillusion. Les liens familiaux se précisent. On vibre avec les mères inquiètes pour la sécurité, la  survie de leurs enfants. Quels qu’ils soient!
Pascal et Hélène, couple lyonnais, pourront-ils comprendre leur fils Jérémy enrôlé par une association qui lutte activement contre l’immigration?

Si des scènes de ce genre ne nous font pas réfléchir – si elles n’émeuvent pas nos dirigeants – alors notre société ne va pas bien.

Derrière les listes de noms inlassablement répertoriés par Hélène, derrière les images qui choquent, de manière trop éphémère,  la communauté internationale, Guillaume Poix concrétise des vies. Toutes les familles sont égales devant la douleur, la perte ou la dérive d’un enfant. Ce roman va crescendo, partant d’un regard multiple, rapide sur des personnages de tous pays pour petit à petit entrer dans leur intimité.
Un roman superbement écrit qui ne peut laisser indifférent.
Une très belle découverte de cette rentrée littéraire en lice pour le Prix Landerneau 2020.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

5 octobre 2020 à 10 h 10 min

Belle découverte de mon côté également grâce au prix Landerneau. Comme tu l’as si bien dit, une lecture qui va crescendo, une réussite!



5 octobre 2020 à 12 h 11 min

J’avais beaucoup aimé Les fils conducteurs. Ce que tu en dis donne envie de le découvrir !



5 octobre 2020 à 15 h 08 min

Merci pour la découverte, le sujet est intéressant.





6 octobre 2020 à 10 h 28 min

Je lirai ta chronique APRÈS : je viens de le recevoir !



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