Titre : Arpenter la nuit
Auteur : Leila Mottley
Littérature américaine
Titre original : Nightcrawling
Traducteur : Pauline Loquin
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 402
Date de parution : 17 août 2022

 

Une jeunesse à l’abandon

Kiara, la narratrice, vit avec son frère Marcus dans un appartement d’un quartier pauvre. La vue donne sur une piscine dont le fond est jonché de crottes. Et chaque jour, on entend les cis de Dee, une toxicomane qui peine à élever Trevor, son fils de neuf ans.
Mais Kiara pourrait s’en contenter si Vernon, le propriétaire ne la menaçait pas d’expulsion. A dix-sept ans, elle ne parvient pas à trouver de travail. Elle vivote de rapines, notamment lors de cérémonies funéraires qu’elle hante avec Alé, sa meilleure amie. Marcus ne pense qu’à la musique. Il rêve de devenir une star du rap obnubilé comme son oncle. Sans talent, il refuse pourtant de trouver un travail. Avec un père décédé et une mère en prison, les deux jeunes gens ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes. Au fil du récit, le voile se lève sur le passé de cette famille. Kiara, Marcus, Alé ou Trevor sont les enfants de familles qui ne pouvaient que sombrer dans cette banlieue en perdition.

Pour l’amour de ses proches

Kiara est prête à tous les sacrifices pour permettre à son frère de vivre ses rêves, pour accrocher un sourire sur le visage de Trevor, pour chasser les idées noires d’Alé. Dans une misère noire, elle ne peut s’empêcher de penser aux autres.
Face aux injonctions de Trevor et à la difficulté de trouver un travail, elle n’a d’autre solution que de vendre son corps. Au départ, elle demande à Tony, un ami de son frère amoureux d’elle, de la protéger. Mais très vite, elle se fait arrêter par la police. Si les policiers la sauvent d’un pervers, c’est pour mieux abuser d’elle. Et la tenir dans leurs filets en la prostituant lors de leurs fêtes internes.

J’ai arrêté de me dire que c’est juste du sexe, juste de la chair, parce que c’est devenu beaucoup plus que ça; il y a le sexe et après il y a la peur et le blanc de leurs yeux.

Une fiction inspirée de la réalité

Leila Mottley a commencé l’écriture de ce premier roman à dix-sept ans. Elle s’est inspirée du scandale qui a éclaboussé la police d’Oakland en 2015. Elle même connaît bien la misère et les violences des quartiers pauvres. Les femmes afro-américaines en sont les premières victimes.
Mais dans cette nuit sinistre, l’auteur puise dans sa jeunesse et son empathie pour donner force, humour et humanité à ce roman qui nous bouscule.
Kiara en tête, les personnages sont entiers, pleins de rage et de tendresse. La rage est inéluctable face aux conditions de vie et la tendresse est le seul lien qui permet à cette communauté de survivre.
De nombreux passages, comme les face à face de Kiara avec Marcus, Alé, Trevor ou sa mère sont vifs et touchants. Ce sont des cris de rage mais aussi l’expression de liens familiaux ou amicaux très forts.

Ce premier roman a reçu le Prix Page-America 2022.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

4 octobre 2022 à 10 h 05 min

Une lecture qui me tente de plus en plus.





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