Auteur : Olivia Profizi
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 176
Date de parution : avril 2013
Auteur :
Olivia Profizi vit et travaille à Lille. Les Exigences, est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
Rachel vient de porter atteinte à ses jours. Ainsi se retrouve-t-elle dans une clinique après avoir confié à sa mère les raisons de son geste. Une passion, un amour beaucoup trop grand pour un amant pervers, un homme à qui Rachel a tout offert jusqu’à sa capacité à supporter l’insupportable : le don d’elle-même à l’extrême.
Brisée par la violence subie auprès de cet homme, Rachel se reconstruit dans un lieu protégé. Pendant quatre mois et au-delà de toutes attentes, elle prend des notes, décrit avec une implacable lucidité et un humour étonnant le cheminement de sa pensée, de sa volonté et de ses exigences. Car au fil des pages la jeune femme s’impose non pas en victime mais en individu responsable de ses actes et de sa chute, qui trouve en lui l’énergie de sa reconstruction.
Au fil des jours l’écriture devient une raison d’être, la dépression s’éloigne, l’imaginaire peut reprendre sa place.
Ce livre dit combien la violence peut être acceptée et non seulement subie. Il dit le mal fait aux femmes et le rôle du regard qui leur est porté dès l’enfance. Il dit la difficulté de lutter contre ces images d’elles mêmes culpabilisantes et destructrices. Ce livre dit aussi et surtout la force de l’art face à la souffrance.
Mon avis :
Voici un premier roman qui ne laissera pas indifférent. Certains seront peut-être choqués par le thème puisqu’il s’agit du récit d’une jeune femme détruite par des relations sadomasochistes avec un homme pervers de 60 ans, ami de sa mère.
Tout a fait logiquement, le récit peut parfois déstabiliser mais sans violence ni malaise.
Après une tentative de suicide, Rachel/ Lucie est internée dans un hôpital psychiatrique. Elle écrit ses analyses, elle tente de redéfinir ses exigences auprès du psychiatre, spécialiste en thérapie cognito-comportementale, se confie à Lena, une douce infirmière.
Son discours est lucide et franc. Si les soignants la déculpabilisent, elle comprend sa part de responsabilité. Elle est à la fois Rachel, fille de Gabrielle et Lucie, celle qui voulait plaire à Maxence, cet artiste pervers qui la pousse au pire.
« Je ferai le pire devant toi et je serai pure à tes yeux. »
» Rachel, je crois qu’elle a voulu tuer la partie pourrie d’elle-même. »
» J’avais peut-être cherché un père en Maxence, mais j’avais aussi cherché un bourreau, quelqu’un qui me conduise à l’abattoir, et cela n’avait rien d’une mise en scène. »
Maxence prend aussi la parole en alternance de chapitre. Sa personnalité est beaucoup plus complexe. Il parle de son père atteint de la maladie d’Alzheimer puis victime d’un AVC. Certes, cette déchéance lui fait prendre conscience de son âge. L’étau se resserre autour de lui avec la haine que lui voue désormais son amie Gabrielle, mère de Rachel, et les reproches timides de sa femme, le rejet de sa fille. Et pourtant, il semble garder en lui cette confiance, cette assurance d’artiste qui lui fait croire qu’il a agi pour le bien de Rachel sans jamais la contraindre.
C’est un premier roman très fort, violent et sensible à la fois. Malgré ses failles, Lucie est une personne attachante qui tente de retrouver sa personnalité dans cette enveloppe corporelle salie, meurtrie, devenue vide.
Son passé l’a conduite à rechercher le mal pour se punir, se détruire.
« J’appelais la mort de toutes mes forces et j’ai fini par aller la chercher lorsque j’ai réalisé que je finissais toujours par ressortir des caves et des souterrains, meurtrie, épuisée mais vivante. »
Mais le soutien de ses proches, l’aide médicale et surtout l’écriture de son journal l’aideront à comprendre son comportement.
Nancy Huston soutient cette jeune auteur lilloise qui, effectivement s’approche du domaine de la grande auteure américaine. C’est une belle récompense amplement méritée pour Olivia Profizi
Je remercie Actes Sud pour cette belle découverte.
Commentaires
Très beau nouveau blog félicitations!! biz
Il me reste encore beaucoup de travail. Mais l’important était de prendre la décision. Remarque, j’étais un peu au pied du mur…
Une lecture qui doit être éprouvante. Si c’est un roman très bien écrit, même si le sujet peut déranger il peut malgré tout être très bien 🙂
Oui, c’est très bien écrit. Il est assez inévitable de détester Maxence mais on trouve de la fragilité chez Lucie. Ce n’est ni vulgaire, ni trop oppressant. A découvrir
J’ai très envie de le lire !
Si tu as envie de le lire et vu le nombre de romans que tu lis, je suis sûre de lire bientôt ta chronique. J’espère U’il te plaira.
je suis en train de le lire.. :)!
Bonne lecture. Je viendrai voir ce que tu en as pensé.
Et une très jolie couverture aussi…
Ça c’est un des points forts d’Actes Sud.
Un très bon premier roman