Titre : Les roses blanches
Auteur : Gil Jouanard
Éditeur: Phébus
Nombre de pages : 320
Date de parution : 25 août 2016

Naître au début du XXe siècle au fin fond du Gévaudan ne prédispose pas au bonheur. Juliette ( son troisième prénom car toutes les filles de la famille se prénommaient Marie) n’a reçu que le minimum d’éducation, deux ans d’école de six à huit ans, juste le temps d’apprendre à lire et écrire. Elle fut ensuite placée chez un paysan pour surveiller les troupeaux jusqu’à l’âge de quatorze ans. Elle fut ensuite exploitée comme bonne à Marjevols comme toutes ces  » pauvresses campagnardes, prêtes à tout subir pour être nourries et logées et disposer d’un salaire de misère contre douze à quatorze heures de présence active au sein d’un foyer dont elles assumaient l’intégralité des tâches ménagères, domestiques et, dans la mesure du possible humiliantes. »
Puis en 1934, grâce à sa sœur, elle servit dans une maison bourgeoise à Avignon. Découverte de la ville, des salles de bal, des hommes.
Pas vraiment jolie, trapue, Juliette se distingue par son dynamisme et son bagout. Elle se marie avec Paul, un boulanger, bel homme, bout-en-train, militant cégétiste.
Après la « mise en route avec succès de l’usine testiculaire et ovarienne » à « produire des descendants« , naquit un fils.
Paul, hardi et sanguin, et Juliette sont tous deux « front-popularisés à outrance » . Après son engagement dans la résistance, Paul trouve une bien plus jolie compagne. Juliette, après avoir entretenu une correspondance avec un soldat américain, part vivre dans l’Ohio.
Plus tard, elle s’installera en Allemagne avec Gherardt, un prisonnier allemand rencontré à Avignon.
Cette pauvre fille issue de la campagne du Gevaudan, mal bâtie et peu instruite avait pourtant beaucoup de bon sens. Elle a vécu de belles expériences, toujours regrettant la précédente.
 » Le problème, dramatique de cette enfant à l’abandon, devenue femme à l’abandon, puis mère à l’abandon, ce fut que, ayant été privée d’emblée de tout accès à quelque niveau de culture que ce soit, elle réagit à une si prégnante frustration pour un rejet, dédaigneux et courroucé, de tout phénomène que nous avons coutume de placer sous la juridiction de la culture. »

Juliette est sans aucun doute un personnage marquant. Ses origines, son dynamisme en font une Olympe féministe mais sans éducation ni charme. Certains de ses discours ( notamment avec Walter, un tankiste, cousin de Gherardt ou avec son neveu) sont intelligents et remarquables. Elle a une facilité à apprendre les langues ( américain, allemand). Mais elle s’enferme dans le dénigrement et le regret.
 » Elle préférait son obscurité, qui lui était familière, à ces lumières artificielles qui scintillaient de manière sournoise hors du puits. »
Dans un style soutenu, avec parfois des circonvolutions de langage, le poète Gil Jouanard construit une belle héroïne qui ne parvient pas toutefois à me séduire. J’ai regretté que l’auteur annonce souvent la suite des événements au détour d’une phrase et enlise Juliette dans la frustration et le regret, dans cette insatisfaction permanente.

Auteur

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Commentaires

6 septembre 2016 à 10 h 31 min

Pas tentée par cette lecture et tes réticences renforcent ma non-envie



6 septembre 2016 à 16 h 30 min

 » la mise en route de l’usine testiculaire et ovarienne » Quelle élégance !!! ça se veut poétique ? navrant !



6 septembre 2016 à 17 h 05 min

Ce que tu présentes du style de langage (somme toute élaboré) me paraît ne pas vraiment coller au personnage (bien que je ne mette pas en doute son intelligence)…Pas vraiment tentée là … 😉



Gil Jouanard
7 septembre 2016 à 10 h 16 min

Cette série de commentaires, qui passent tous à côté du livre (que les auteurs des dits commentaires n’ont pas lu !!!!!!!!!) me laisse perplexe, tout comme, du reste, sa présentation. Mais ce n’est pas grave : à chacun ses goûts et il n’est pas interdit de ne pas aimer un livre ! Ni de ne pas le lire !!!!



    7 septembre 2016 à 16 h 06 min

    Je mets un point d’honneur à lire tous les romans dont je parle, de la première à la dernière page ( sauf dans de rares cas où je ne supporte pas la vulgarité ou la violence, moins de 1% de mes lectures).
    J’ai lu votre livre avec attention mais je suis peut-être passée à côté de certaines choses. En modeste lecteur, je fais part de mes impressions personnelles en essayant toujours d’argumenter mon point de vue, de dégager les points que j’ai aimés et ceux que j’ai regrettés.
    Comme je l’ai écrit, j’ai aimé Juliette dans certains de ses discours, quand elle se révèle une héroïne dynamique, énergique, intelligente, moins quand elle s’enlise dans son obscurité.  » Elle fut une force vive captive d’une peau morte »
    Il est vrai que l’appréciation d’une lecture passe souvent par l’appropriation du personnage principal. Je n’ai pas suffisamment pu m’attacher à Juliette ce qui ne remet en cause ni la qualité d’écriture ni la force du personnage.
    Je vous remercie pour votre commentaire. C’est toujours un plaisir et un honneur d’avoir un retour de lecture de l’auteur.



      Gil Jouanard
      7 septembre 2016 à 17 h 11 min

      Ce n’est pas grave. Chacun est fort heureusement libre de son opinion et de la sincérité de son expression. D’autres lecteurs m’ont, en grand nombre, permis de ne point trop être affecté par ce rejet relatif ou par la réaction de personnes qui jugent sans avoir lu ! Bien cordialement.



      Gil Jouanard
      7 septembre 2016 à 17 h 29 min

      Je ne suis pas sûr d’avoir réussi à envoyer ma réponse à celle, très courtoise, que vous m’adressez, car j’ai utilisé mon smartphone et je maïtrise mal les arcanes de cet instrument ! Alors, à tout hasard, je vous redis que je ne suis nullement blessé ou indigné de votre réaction à la lecture de mon livre. Chacun est heureusement libre d’avoir de la sympathie ou non pour le personnage qui en est le héros ou le protagoniste. S’agissant de ma mère, en l’occurrence, j’ai suffisamment dit ma perplexité et ma tristesse vis-à-vis de ce paradoxe vivant qu’elle représentait en toute circonstance pour comprendre qu’elle puisse ne pas plaire. D’autres lecteurs me témoignent par ailleurs, en fort grand nombre, de leur attachement pour cette victime de l’Histoire et de la société. Cela suffit à me rassurer. Moins compréhensibles sont les commentaires de gens qui jugent de façon péremptoire…sans avoir lu eux-mêmes !!!! Mais c’est la loi du genre, si je puis dire. En tout cas, merci de votre lecture et de votre courtoisie.



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