Titre : Une nuit, Markovitch
Auteur : Ayelet Gundar-Goshen
Littérature israélienne
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Traducteur : Ziva Avran, Arlette Pierrot, Laurence Sendrowicz
Éditeur: Presses de la Cité
Nombre de pages : 480
Date de parution : 25 août 2016

Ce grand roman est celui du destin de deux amis sionistes, embarqués dans les tourments de la guerre et ceux de leur vie familiale dans un petit village de Palestine.

Yaacov Markovitch est un jeune homme effacé au physique transparent. Personne ne le remarque, ne s’intéresse à lui. A tel point qu’il est l’homme idéal pour faire passer des armes clandestinement. Son seul ami est Zeev Feinberg, un homme solaire à la moustache frétillante qui, lui, est une « sentinelle hors pair, le doigt toujours sur la détente« , prêt à « tuer des arabes » ou à trousser une belle fille.
Poursuivi par le boucher Abraham Mandelbaum pour avoir séduit sa femme Rachel, Zeev se fait envoyer en Europe avec son ami Yaacov par Froike, le numéro 2 de l’Organisation sioniste. Leur mission est de sauver vingt jeunes femmes juives européennes en les épousant et les ramenant en Eretz-Israël ( terme employé avant la création de l’État d’Israël en 1948).
Mais, si une fois revenus, Zeev divorce comme prévu pour épouser Sonia, Yaacov rompt le contrat en refusant de divorcer avec Bella, une jeune femme sublime.
«  il m’est enfin arrivé un miracle, et je n’ai pas le temps de me retourner qu’on veut m’en priver. J’ai rencontré la femme la plus belle que j’ai vue de ma vie, elle devient ma femme et, une seconde plus tard, on m’oblige à m’en séparer. Moi, je dois garder cette merveille près de moi. »
Dès l’instant où Bella entra dans la maison de Yaacov, le froid s’y installa.
On ne garde pas une femme de force, et un jour Bella part vivre son rêve, rencontrer son poète de Tel Aviv. Pour en revenir, déçue, enceinte et contrainte à accepter l’hospitalité de Yaacov sans jamais lui accorder la moindre attention.

Les enfants prennent aussi une place importante dans cette fresque familiale. En accouchant d’un garçon qui ressemble à son boucher de père et non d’une belle petite fille aux yeux bleus, Rachel sombre dans la folie, ressassant le bruit du crâne fracassé d’un vieux juif sur un trottoir de Vienne. Lorsque naît Zvi, le fils de Bella, Zeev rêve d’avoir un enfant et s’étonne de ne pas avoir encore de progéniture malgré ses nombreuses aventures et ses nuits de folie avec Sonia. Et pourtant, neuf mois plus tard, naît Yaïr qui sera le meilleur ami de Zvi.
La guerre éclate. «  Une guerre? Un mot presque oublié au milieu des langes, des casseroles d’eau chaude et des berceuses. » Zeev part sur les champs de bataille et Yaacov est envoyé en Galillée.
«  Est-il possible de traverser une guerre en préservant son âme pure et en continuant à dormir du sommeil du juste? »
Sur les champs de bataille, au village, chacun vit ses combats, ses peurs et ses douleurs. Bella s’accroche à la poésie, Sonia devient responsable de la condition féminine à Tel Aviv, Zeev cherche la rédemption dans le regard d’une enfant et Yaacov attend désespérément le regard de Bella.
 » Un homme peut-il perdre ce qu’il n’a jamais possédé? »

Avec un ton typique de l’humour juif assez surprenant sur les premières pages, Ayelet Gundar-Goshen nous embarque avec ses personnages sympathiques dans des histoires d’amour et d’amitié avec une toile de fond sur la culture et l’histoire d’Israël.
Peu habituée à ce ton, je suis restée sur l’expectative au départ pour me laisser séduire par ces personnages et leurs aventures parfois rocambolesques. J’aurais juste aimé une plus grande présence du contexte historique et culturel du pays.
Un premier roman maîtrisé, original qui conjugue aventures et sentiments où les drames sont atténués par le ton enjoué de l’auteur.

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 novembre 2016 à 15 h 16 min

pas certaine que ce roman soit pour moi, mais quoi qu’il en soit, j’aime beaucoup la couverture.



7 novembre 2016 à 15 h 40 min

un roman qui pourrait me plaire



Stephanie plaisir de lire
7 novembre 2016 à 18 h 07 min

il est dans ma pal, j’espère le lire très vite



7 novembre 2016 à 18 h 53 min

Le sujet m’intéresse, je le note. Merci de le signaler



7 novembre 2016 à 20 h 05 min

J’avais apprécié cette écriture justement 🙂 Je trouve que c’est un roman contemplatif.



8 novembre 2016 à 11 h 36 min

Pourquoi pas, si il croise ma route.



8 novembre 2016 à 12 h 19 min

Peut-être trop contemplatif pour moi…



8 novembre 2016 à 12 h 26 min

Je l’ai repéré, je pense qu’il pourrait me plaire…



21 novembre 2016 à 14 h 57 min

Le sujet m’intéresse, je suis toujours impatiente de découvrir une nouvelle auteure, jeune dans la littérature israélienne.
En revanche je viens de terminer le livre et c’est une grosse déception : personnages caricaturaux, situation bien vague, un village, quel village? une guerre, laquelle? l’Europe? vous connaissez ce pays? les deux héros vont deux fois en Europe, où donc? En Allemagne en Autriche? Et tout à l’avenant. L' »Organisation » laquelle, l’Irgoun? Stern? la Haganna? le Palmach? Numéro 2 : qui est donc le Numéro1. Les moustaches sont-elles l’attribut viril le plus remarquable de Zeev? Pire encore dans la génération suivante. Ce village est-il unique? le village arabe en ruine, était-il en ruine quand les pionniers sont arrivés. Il n’est de bons arabes que morts (sauf le bébé, quand même)



    22 novembre 2016 à 10 h 38 min

    Toutes vos remarques sont justifiées. Le contexte reste une toile de fond insuffisamment précise, c’était mon regret sur ce roman.
    Nous connaissons juste l’époque du récit ( quelques années avant la création de l’état d’Israël)
    Ce qui peut être rédhibitoire pour quelqu’un qui cherche une vision « historique » d’un pays.
    Je cherche toujours le côté positif d’un roman. Et il me semblait qu’ici nous pouvions passer au-delà de ces imprécisions puisque le coeur du récit est l’histoire d’amitié entre Zeev et Yaccov et l’impact de cette histoire de sauvetage de juives européennes.
    La partie où Yaacov devient un « héros » sur les champs de bataille est effectivement un peu décalée. C’était peut-être une façon un peu lyrique de montrer une autre facette du personnage.
    La période avec les enfants montre comment les générations sont élevées avec l’esprit guerrier.
    Le seul point qui aurait pu me déplaire et me faire basculer contre ce roman (si il avait été encore plus insistant) c’est d’être effectivement dans un camp avec cette volonté de tuer l’autre camp.
    Mais je crois que le ton et l’humour de l’auteur ont apaisé mes agacements.
    En tout cas, je vous remercie pour votre commentaire qui permet de nuancer mon avis et de débattre au sujet de ce livre.



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