Titre : Soif
Auteur : Amélie Nothomb 
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 162
Date de parution : 21 août 2019

Elevée dans une famille très catholique, Amélie Nothomb est bercée depuis sa plus tendre enfance par le romanesque des saintes écritures. Jésus, un prénom qui ne dépareille pas dans sa galerie de personnages, incarne pour l’auteur le héros de sa vie, celui dont elle voulait absolument parler. Et tout particulièrement de la période de la Passion, l’auteure n’acceptant pas ce non-sens de l’acceptation de la crucifixion.

« Cette crucifixion est une bévue. Le projet de mon père consistait à montrer jusqu’où on pouvait aller par amour. »
Mais que connaît-il à l’amour?
«  L’amour est une histoire, il faut un corps pour la raconter. »

Dans son dernier roman, Amélie Nothomb se glisse dans la tête de Jésus, personnage hautement romanesque et nous livre son introspection à la première personne du singulier.

Dieu voulait envoyer son fils parmi les hommes. Doté d’un corps, Jésus éprouve les sens et les sentiments humains.  Du procès à la période suivant la résurrection en passant par la crucifixion, il ressent le mépris pour tous ceux qui ergotent sur les miracles dont ils ont bénéficié, la peur de la mise à mort, la jouissance en recevant une éponge imbibée d’eau. Il se rappelle la gourmandise, la colère, la jalousie. Mais ils n’y succombent jamais, sauf peut-être contre ce figuier ne donnant pas de fruits ou contre les marchands du temple. 

On peut tout se permettre quand on parle à la place de Jésus.
«  Mon père a créé une drôle d’espèce : soit des salauds qui ont des opinions, soit des âmes généreuses qui ne pensent pas. »
Les uns comme les autres jalonnent le chemin de croix.

Outre que la soif, l’amour et la mort soient les trois situations dans lesquelles Jésus doit parvenir à se pardonner, pourquoi intituler ce roman Soif? Madeleine, la maîtresse de Jésus était « son gobelet d’eau » 

«  Aucune jouissance n’approche celle que procure le gobelet d’eau quand on crève de soif. »

Repoussez au plus loin cette envie de vous désaltérer si vous voulez connaître l’élan mystique!
«  Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau, c’est Dieu. »

On est souvent déçu quand on lit un roman d’Amélie Nothomb après l’avoir écoutée en parler dans les médias ou rencontres littéraires. Elle parle tellement bien de ses sujets qu’elle réduit pourtant à 150 pages bien aérées. 

Lire Soif d’une traite, sans pause réflexive, sans débat, sans écouter l’auteure en parler me semble très réducteur et frustrant. 

Si Amélie Nothomb campe un Jesus fort sympathique, j’ai trouvé l’essentiel dans toutes ces petites phrases , réflexions personnelles lancées comme un feu d’artifice. Mais voilà, ce ne sont que des phrases. C’est au lecteur de chercher ce qu’il peut bien y trouver.

«  On a raison de dire que le diable est dans les détails. »

«  Il faut du courage et de la force pour se soustraire à l’esprit. »

«  On est quelqu’un de meilleur quand on a eu du plaisir, c’est aussi simple que ça. »

«  Le mal trouve toujours son origine dans l’esprit. »

«  L’excès de simplicité obstrue l’entendement. »

«  La condition humaine se résume ainsi : ça pourrait être pire. »

«  Maudite soit la souffrance! Sans elle, chercherait-on un coupable? »

«  Ce qui empêche de pardonner, c’est la réflexion. »

«  Ce qui disparaît quand on meurt, c’est le temps. »

«  Se sentir plus intelligent qu’autrui est toujours le signe d’une déficience. »

« Comment sait-on qu’on a la foi? C’est comme l’amour, on le sait. »

Pourquoi aime-t-on les romans d’Amélie Nothomb? Parce qu’elle a la foi quand elle en parle. 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

Ariane daphné
21 octobre 2019 à 18 h 06 min

Après plusieurs lectures de cette auteure puis un abandon total de plusieurs années, je me dis qu’il faudrait peut-être que je m’y remette…
Daphné



21 octobre 2019 à 20 h 19 min

Tiens, je viens de l’acheter, après des années sans elle !



23 octobre 2019 à 13 h 32 min

Doit-on en déduire qu’il vaut mieux l’écouter parler de ses romans plutôt que de les lire ?



24 octobre 2019 à 13 h 30 min

Je ne suis pas une lectrice régulière de Nothomb, j’en lis un de temps à autre. Mais je ne suis pas sure que celui-ci soit fait pour moi, malgré le sujet intéressant.



28 octobre 2019 à 10 h 51 min

Je ne l’ai pas lue depuis longtemps mais le thème de celui-ci me tente. On verra… si le cœur m’en dit. J’ai un peu peur de l’aspect trop « court », pas assez dense.



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