Titre : Douze palais de mémoire

Auteur : Anna Moï
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 208
Date de parution : 4 février 2021

Avec ce nouveau roman, Anna Moï illustre l’épisode des boat people suite à la guerre du Vietnam. Mais elle choisit un biais intimiste en nous racontant la fuite d’un père et de sa fille, seuls passagers du petit bateau de pêche de Quan et de son fils Tài.
Le récit de la vie sur ce bateau ponctué de quelques aventures comme une attaque de pirates ou un spectacle de baleines, est surtout entrecoupé des souvenirs du père fuyard, Thanh, un mathématicien, fils d’astrologue, bourgeois d’avant la Révolution.
Afin de satisfaire à un double point de vue et surtout de mettre un peu de légèreté dans ce drame, Anna Moï scinde chaque chapitre en deux. Premièrement, le récit du père suivi du regard espiègle de la petite fille souvent ravie du « pestacle ».

Le travail de mémoire donne souvent des récits chaotiques bien que Thanh range ses souvenirs dans ses douze palais de mémoire : « les Finances, l’Immobilier, la Carrière, les Amis, les Parents, les Voyages, la Destinée, la Santé, la Fratrie, le Mariage ( que j’ai renommé l’Amour), les Enfants, les Mathématiques. ». Les conséquences de la Révolution apparaissent en arrière-plan.
« Mes palais de mémoire sont une anthologie insécable, une enclave de scènes indestructibles qui constitue mon fond de bibliothèque . »
Emerge surtout de ces souvenirs la passion pour sa femme, Hoa, disparue quand Tiên avait deux ans. Au fil du récit, nous comprenons les raisons de la fuite. Le village où il a rencontré Hoa et où il fut heureux n’est plus et nous n’en comprendrons les raisons qu’en fin de roman. A part sa mère, plus rien ne retient Thanh dans ce pays où les révolutionnaires ont privé les anciens bourgeois de leur argent et leurs bijoux .

Anna Moï construit un roman intimiste sur l’arrachement, la perte où le drame se dissout dans la mémoire er s’allège grâce à l’innocence de la petite Tiên. Le récit s’anime des aventures du voyage et l’intérêt se tient grâce au mystère des raisons de la fuite du père pour l’Amérique.

Un roman parfois décousu, comme peuvent l’être les souvenirs mais qui recèle grand nombre d’informations sur la vie au Vietnam pendant cette période mouvementée. J’ai particulièrement aimé la manière de fondre l’intimité dans la grande histoire, de jongler entre le moment présent et les souvenirs et surtout la touche agréable du double point de vue.
«  La magie est la meilleure école de la liberté. »
Tiên apporte énormément de fraîcheur à cette histoire.

Je remercie Mimi qui m’a accompagnée pour cette lecture.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



19 mars 2021 à 11 h 24 min

Tu as réussi à passer au-delà du côté décousu ? Parfois, cela est rédhibitoire pour moi.



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