Titre : Terra alta
Auteur : Javier Cercas
Littérature catalane
Titre original : Terra alta
Traducteur : Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 320
Date de parution : 5 mai 2021

 

L’auteur

A la suite de plusieurs parutions proches du documentaire, Javier Cercas, l’auteur hispanique qui puise son inspiration dans les stigmates de la guerre d’Espagne, revient ici avec un roman plus narratif. Si Terra Alta s’inscrit dans le genre du polar, il ne déroge pas aux habitudes de l’auteur en s’approchant au plus près de l’âme humaine et en évoluant dans les secousses politiques du pays.

Les origines du personnage

Melchor, le personnage principal n’a de roi mage que le nom. Il n’apporte pas vraiment la paix à son entourage. Né de père inconnu et d’une prostituée, l’enfant pourtant doué, perd vite pied dans les bas-fonds de Badalona, ville ouvrière limitrophe de Barcelone. A treize ans, il se mit à boire,à fumer et à se droguer. Très vite, l’adolescent, devenu garde du corps des chefs de cartel se retrouve à la prison de Quatre Camins près de Barcelone.

Un livre référence

Défendu par Domingo Vivales, un avocat payé par sa mère qui deviendra plus tard son plus fidèle allié, il purge une peine de quatre ans. Un temps qu’il met à profit pour découvrir la littérature du XIXe siècle et surtout Les Misérables de Victor Hugo. Ce roman devient son livre de conduite, surtout après l’assassinat de sa mère.  Il se retrouve en Jean Valjean, gardant toujours en lui le moteur de la haine et il admire Javert pour son intégrité. D’ailleurs, il entame des cours pour devenir policier.
A sa sortie de prison, il devient enquêteur criminel à Nou barris, un quartier d’immigration situé au nord de Barcelone. Secrètement,  il mène son enquête pour retrouver l’assassin de sa mère. Devenu un héros et une cible pour avoir abattu quatre terroristes lors de l’attentat de Cambrils, Melchor est envoyé au vert au commissariat de Terra Alta.

Une nouvelle vie

Commence alors pour lui une autre vie, peut-être celle de M. Madeleine, le versant paternel et humain de Jean Valjean. Quatre ans après son installation, il mène une vie tranquille avec sa femme Olga et leur fille Cosette. Pourtant, l’assassinat sauvage des Adell, patron richissime des Cartonneries qui font vivre tout le village, fait ressurgir son besoin de justice. Le couple a été atrocement mutilé. Leur femme de maison est aussi retrouvée morte à l’étage. Dans cette comarque où il ne se passe jamais rien,  ce triple assassinat défraie la chronique et mobilise toutes les brigades de police. Melchor ne lâchera pas l’affaire avant de trouver le coupable.  Il brave les semonces de ses chefs et les conseils amicaux de son mentor et ami, le caporal Salom.

Personne n’oublie ses racines

Melchor est façonné par ses origines. La violence du milieu de sa mère lui a inculqué une haine profonde pour tous ceux qui ne respectent pas les femmes. Sa lecture infinie des Misérables confirme que le seul moteur qui puisse tenir debout un homme meurtri est la haine. Mais il admire aussi Javert, ce policier aux yeux de rapace pour son intégrité. La haine sera son moteur et le besoin de justice son étendard. Mais ne va-t-il pas parfois trop loin?

Aussi, ne pas respecter les formes de justice revient à ne pas respecter la justice.

Javier Cercas, non plus, n’oublie pas ses racines. Sous les apparences d’un roman noir bien rythmé, classique mais humain, l’auteur pose les questions de la vengeance, du pardon et de la justice. Bien évidemment, une partie du dénouement puise ses racines dans la guerre espagnole. Terra Alta est un lieu historique d’une des batailles les plus cruelles de la guerre d’Espagne entre les forces républicaines et les nationalistes en 1938.

Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont elles qui expliquent tout.

En cette période troublée de referendum sur l’indépendance de la Catalogne ( octobre 2017) et d’attentats terroristes, Melchor Marin s’érige en justicier plutôt sanguin mais terriblement humain et paternel. Un Jean Valjean des temps modernes…Et nous n’en avons pas fini de le suivre puisque Terra Alta est le premier tome d’une série qui devrait en comporter « quatre ou cinq ».

Auteur

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Commentaires

5 juin 2021 à 11 h 02 min

Il me tente beaucoup.
Tout autre chose : tu sembles bien maîtriser les « blocs » de wordpress, il va falloir que je m’y mette aussi !



    5 juin 2021 à 22 h 22 min

    En fait j’ai migré pour éviter les blocs WordPress. Même si ils permettent de belles choses comme des diaporamas, je n’arrivais pas à refaire ma présentation habituelle avec les blocs. Là je suis en normal. Par contre, j’ai davantage d’outils dont le SEO qui te conseille sur la lisibilité des articles ( mettre des titres, phrases moins longues, mots de liaison…)



5 juin 2021 à 12 h 09 min

Si je n’avais pas déjà « L’imposteur » sur mes étagères, en attente de lecture, je me serais jetée sur ce titre.. ce n’est que partie remise !

J’en profite pour t’informer que je n’ai plus de nouvelles de Patrice concernant la LC de Greene (depuis le billet sur la disparition de Goran, il ne donne plus signe de vie…).
Souhaites-tu toujours le lire pour le mois anglais ? Dans ce cas, je te propose le 24, le 27 ou le 30/06. Dis-moi…

Bon week-end



    5 juin 2021 à 22 h 29 min

    Je comprends le silence de Patrice. Il souhaitait faire une lecture commune en hommage à Goran. Mais comment réagir suite à une disparition si soudaine. C’est une grande tristesse.
    Oui on peut programmer le Greene pour le mois anglais. Comme j’ai des lectures pour la Fnac, je prends la plus grande marge en choisissant le 30 juin.



5 juin 2021 à 14 h 02 min

j’ai2 romans de l’auteur qui patientent dans ma PAL : « Le monarque des ombres » et « Les soldats de Salamine » alor je note celui-ci pour plus tard 🙂



6 juin 2021 à 11 h 54 min

cela donne bien envie de tenter!
et bravo pour le design du blog!



7 juin 2021 à 14 h 03 min

Je pourrais bien me laisser tenter par cette série.



8 juin 2021 à 12 h 28 min

Oui, je comprends moi aussi son silence..
Pour la LC, le 30 me va très bien aussi, je bloque donc cette date.
Bonne semaine,



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