Titre : La vengeance m’appartient
Auteur : Marie Ndiaye
Editeur : Gallimard 
Nombre de pages : 240
Date de parution : 7 janvier 2021

 

Le point de départ

Me Suzane est avocate à Bordeaux. Lorsque Gilles Principaux entre dans son cabinet, elle est persuadée d’avoir déjà croisé cet homme trente ans plus tôt. Pourquoi Principaux a-t-il choisi Me Suzane pour défendre sa femme, Marlyne, accusée de triple infanticide. Cette impression de reconnaître Gilles Principaux va bouleverser la vie de l’avocate. Est-il vraiment celui qui, adolescent, l’a invitée dans sa chambre alors qu’elle accompagnait sa mère venue faire le ménage dans cette grande maison de Caudéran?

Trois femmes puissantes

Les trois personnages principaux sont des femmes. Des femmes sinon puissantes, au moins  bien déterminées. Me Suzane s’engage sur trois fronts. Comprendre l’acte de Marlyne, obtenir un titre de séjour pour Sharon, sa femme de ménage mauricienne et chercher dans sa mémoire le souvenir de cet après-midi à Caudéran qui a forgé son destin. Les relations de famille et de couple, les troubles maternels sont au coeur de toutes les réflexions.

Une atmosphère flottante

Marie Ndiaye nous plonge dans la tête de Me Suzane. L’atmosphère est particulièrement ambiguë. L’avocate peine sous le poids du jugement de ses parents, se persuade de mauvais sentiments de sa femme de ménage, craint pour Lila, la fille de son ancien amant. Sa recherche frénétique de son souvenir d’enfance  teinte de soupçons tous les comportements de son entourage. Qui doit-elle sauver? Marlyne, Sharon, Lila ou elle-même?

Maîtrise et Psychologie

Marie Ndiaye soigne particulièrement la forme de ses romans en modelant ses phrases, choisissant ses mots. Elle place ses personnages dans des situations poussées aux extrêmes pour mieux révéler les tréfonds de l’âme humaine. En banalisant le mal, elle cherche au-delà des actes sordides. Comment une mère peut-elle en arriver à tuer ses enfants, à préférer la prison à l’enfermement dans un couple? Comment un souvenir flottant, un événement refoulé peut-il guider les actions de Me Suzane?   Le mal n’est-il pas ce que fuit Sharon?

Une mixité de sujets

Dans ce roman hautement psychologique, sous atmosphère incertaine et inquiétante, l’auteure déploie plusieurs sujets en croisant les destins de ses personnages. En choisissant Bordeaux, elle évoque rapidement le souvenir de la traite négrière mais surtout le clivage social. Me Suzane et son ancien amant sont issus de classe sociale modeste. Gardent-ils une rancoeur envers les grandes familles bourgeoises comme les Principaux? Cette origine a-t-elle plutôt motivé leurs ambitions professionnelles ?

Nous retrouvons bien évidemment les thèmes de prédilection de l’auteur comme les relations parents enfants avec toujours des personnages féminins puissants. J’ai particulièrement aimé la description pertinente du tourment de Marlyne, enfermée dans son couple. Cette façon de s’éteindre face à un homme apparemment aimant qui lui fait peur au quotidien, qui la soumet silencieusement. La cruauté d’une mère infanticide passe au second plan derrière l’enfermement d’une épouse.
L’ambiance ambigüe, l’incertitude entretenue jusqu’au dénouement nous tiennent en haleine, enfermés nous aussi dans la tête de Me Suzane.
Encore un très grand roman de Marie Ndiaye!

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

22 juillet 2021 à 10 h 28 min

Admirative car moi à chaque fois que j’ai essayé de la lire j’ai eu le sentiment de lire une langue inconnue mais j’ai gardé ses livres… Peut-être attendre le bon moment 🙂



29 juillet 2021 à 9 h 15 min

Un roman qui m’a un peu dérouté parce qu’il partait un peu dans tous les sens, mais j’ai apprécié.



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