matthewsTitre : Les enfants de Staline
Auteur : Owen Matthews
Éditeur: Belfond
Nombre de pages : 399 pages

Résumé de quatrième de couverture:
Dans une cave de l’ancien quartier général du KGB à Tchernigov, au cœur des terres noires ukrainiennes, un épais dossier de carton brun prend la poussière sur une étagère. Il renferme près de un kilo et demi de papier sous sa couverture rongée par le temps. Les documents, soigneusement numérotés et classés, concernent le père de ma mère, Boris Lvovitch Bibikov. Son nom, calligraphié en belles lettres rondes d’une étonnante distinction, figure sous l’intitulé du dossier, frappé à la machine : « Top secret. Commissariat du peuple aux Affaires intérieures. Bloc antisoviétique des droitistes-trotskistes en Ukraine. » Ce dossier retrace les derniers jours de mon grand-père, mort aux mains de la police secrète de Staline alors que l’été 1937 virait à l’automne. Je l’ai lu dans un bureau minable de Kiev, cinquante-huit ans après les faits. Il pesait sur mes genoux comme une grosse tumeur étrangement malveillante. Une odeur musquée, presque acide, s’en dégageait. »
S’appuyant sur le dossier de cet homme victime des purges de 1937, mais aussi sur les centaines de lettres que ses parents se sont adressées entre juillet 1964 et octobre 1969 – son père, un Anglais russophile, a refusé de coopérer avec le KGB ; sa mère, Russe, est devenue une intellectuelle dissidente – et sur sa propre expérience de la Russie contemporaine, Owen Matthews a décidé de raconter les destinées des membres de sa famille tout en mettant en lumière sa vision de la société russe. Une chronique poignante, palpitante, d’une remarquable puissance d’évocation.

Mon avis :
De nombreux ouvrages racontent la période russe sous Staline, avec les tortures du NKVD, les passe-droits, les périodes de purge et de misère. Malgré le titre du livre d’Owen Matthews, ce récit est beaucoup plus que cela.
Ce n’est pas seulement un témoignage supplémentaire mais c’est un document romancé qui retrace une histoire personnelle sur trois générations. C’est l’occasion de ressentir l’atmosphère russe pendant les années Staline mais aussi pendant les années 60 avec Melvyn et les années 90 avec son fils. Lors
des années 60, les russes et surtout les étrangers vivent avec l’omniprésence du KGB. Owen Matthews décrit parfaitement les années 90 avec la puissance de l’argent facile, la décadence des mœurs mais aussi le fossé qui se creuse entre les nouveaux riches et les gens de plus en plus pauvres. Le témoignage sur la guerre avec la Tchétchénie est court mais très évocateur.
L’histoire romancée de Ludmila et Melvyn prend le lecteur par la passion. Comment ne pas aimer Ludmila qui a subi tant de violences et qui pourtant garde confiance face aux hasards heureux qui jalonnent sa vie.
La partie où Melvyn tente de faire sortir Ludmila de Russie est un peu longue car il subit de nombreux
échecs. Mais je comprends ainsi comment leur vie de couple s’est ensuite trouvée difficile et décevante car il n’y avait plus cette volonté, cet espoir.
En plus du récit documentaire, ce livre pose quelques réflexions sur les difficultés des couples mixtes, sur
l’attachement à une patrie, la vie de couple, sur la légitimité de répondre au chantage d’un état.
Le style est simple, facile à lire. Les documents photographiques permettent de mieux appréhender et
apprécier les personnages.
En conclusion, je pense que « Les enfants de Staline » est un très bon témoignage romancé du vingtième siècle russe.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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